Gustave, du Droit aux Beaux-Arts

Gustave Caillebotte (1848- 1894) LE PONT de L’EUROPE – Vers 1877 Huile sur toile – Fort Worth, Texas, Kimbell Art Museum –

Caillebotte – Peindre les hommes – du 08 octobre 2024 au 19 janvier 2025 – Musée d’Orsay – Paris

Dans ce tableau énigmatique, le pont de l’Europe devient une sorte de balcon sur les voies ferrées de
la gare Saint-Lazare. Contrairement à l’homme qui se dirige vers la gauche, d’un pas décidé, un bourgeois en haut de forme et un ouvrier en chapeau melon se sont arrêtés pour observer ce spectacle comme l’artiste pour fixer cette image. Tout dans ce tableau contrevient aux conventions de la peinture de l’époque : le centre de la composition est bouché, les effets de perspective traditionnels sont remplacés par une juxtaposition brutale entre le proche et le lointain, les protagonistes sont des anonymes dont le visage n’est pas visible, et le tableau ne raconte rien. Pour Caillebotte, la peinture est un fragment d’une réalité qui se poursuit au-delà du cadre.

Au début des années 1870, Caillebotte abandonne ses études de droit pour devenir peintre et est admis à l’Ecole des beaux-arts après une formation dans l’atelier de Léon Bonnat. Après un premier envoi refusé au Salon par le jury en 1875, il rejoint le groupe des impressionnistes dont il partage l’envie de tourner le dos aux traditions pour représenter de façon réaliste la société de leur temps et leur propre existence.

Ses premiers tableaux importants prennent pour sujet sa vie quotidienne, avec sa mère et ses frères, dans leur hôtel particulier du Ville arrondissement parisien ou leur maison de campagne à Yerres (Essonne).

Son père Martial, mort en 1874, alors qu’il n’a que 26 ans, en est absent, mais ces somptueuses propriétes, bâties ou achetées par lui, sont le signe de sa grande réussite sociale. Martial père a encouragé ses fils dans leurs passions artistiques, la peinture pour Gustave et la musique pour Martial fils.