Je n’attends plus

William Kentridge compte parmi les artistes les plus protéiformes de sa génération.

Alliant le dessin, le film, la sculpture, ainsi que le théâtre et l’opéra, il est renommé pour sa pratique politiquement engagée. Conjointement à son nouvel opéra de chambre The Great Yes, The Great No, présenté en première mondiale à LUMA Arles pendant l’été 2024, l’exposition Je n’attends plus montre un ensemble d’œuvres majeures dont certaines inédites en Europe. Portant sur la migration, l’oppression des peuples, la transmission de l’histoire et le rôle de l’artiste dans une société sous contrainte, l’exposition réunit un remarquable ensemble expérimental et performatif.

À l’intersection du personnel et du politique, le travail de William Kentridge interroge depuis plus de quarante ans l’histoire sud-africaine. Ses installations filmiques déploient des fresques rythmées souvent influencées par le contexte et la réalité culturelle de Johannesburg, ville dans laquelle l’artiste vit et travaille. Elles s’inspirent simultanément de références empruntées à l’histoire de l’art, et plus particulièrement aux mouvements d’avant-garde européens, où les éléments post-cubistes, dadaïstes et surréalistes trouvent une forte résonance. Le travail du dessin au fusain, ses sculptures, l’incrustation de masques, de collages et de marionnettes confèrent à ses œuvres une dimension onirique, liminale et parfois abstraite, composante importante du langage idiosyncratique de Kentridge.

Si les problématiques coloniales et raciales liées à l’histoire de l’Afrique du Sud et à l’ensemble du continent africain sont des points de départ vers des questionnements plus vastes, Kentridge s’intéresse également à d’autres histoires et géographies.

L’île de la Martinique et la France pendant la Seconde Guerre mondiale, la Russie de l’Union soviétique au début du xxe siècle, comptent parmi les nombreuses sources qui influencent sa pratique. Le titre de l’exposition, Je n’attends plus, est une citation de la Martiniquaise Suzanne Césaire, figure majeure de la négritude, un mouvement critique et théorique littéraire développé dans les années trente par un cercle d’intellectuelles, écrivaines et politicien-nes francophones œuvrant à l’émergence d’une conscience noire sur le continent africain et au sein de sa diaspora. Les installations de l’exposition, ainsi que la mise en espace théâtrale, témoignent de la pertinence des messages de liberté, de libération et de révolution portés par Kentridge à travers son œuvre, rendant sa pratique plus urgente et nécessaire que jamais.

Cimaise de l’exposition – Je n’attends plus – William Kentdridge – La Mécanique Générale – LUMA Arles – Encre sur toile